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Amour perdu
L'azur est doucement envahi par le sombre,
Tandis qu'un noir soleil jette ses rayons d'ombre,
Qui brise chaque rêve et aussi bien l'espoir,
Au bel hiver hiver clair s'ensuit le printemps noir.

Paria, criminel, forçat à la bastille,
Sacrifiant sa vie pour aimer cette fille,
Consacrant le plaisir du mutuel amour,
pour au final échouer et sentir son cœur lourd.

Trahis par le jouisseur de mon profond respect,
Qui m'a fait miroiter tout ce dont je rêvais,
M'a pris les seules armes dont je disposais,
Ne m'a parlé de face que pour rire en biais.

(Le surprenant amour qui en moi s'incrustait.)

Et moi le presque roi suis face contre terre,
Laissant aux grandes âmes ma démarche altière,
Tandis que l'ego quitte doucement le corps,
Et que la bile noire à ma vie joint la mort.

Se propage alors à mes pieds le sang noir,
Qui porte à mes lèvres le calice du deuil,
Lequel me montre ce que je ne puis voir,
Toison d'ébène objet d'incessants coups d'œil.

Panacée de l'âme sur qui jaillit désir,
Et autant de terreur qui fait battre le cœur,
Fille de Tolkien que mon regard envieux mire,
Et nourrit en l'esprit un beau charme rêveur.

Conscient que le vilain ne mérite la belle,
Que cette fille-là n'a nul autre pareil,
la reine de mon coeur n'a de roi en le sien,
Je puis être sujet mais pas tant souverain.

Mais mon coeur aveugle lui déclare la flamme,
Lui avoue la foudre ayant frappé mon âme,
Lui montre l'affection qu'elle mérite tant,
Et la prétention à être son amant.

J'attends là sans patience le retour de flamme,
Entend à mon aise le rire d'une femme,
Mais n'obtient en retour qu'une négation,
Anéantissant tout espoir de salvation.

L'amour est défait et ne m'a montré ses charmes,
Que pour m'enfermer à la chartreuse de Parme.
Si Stendhal le pouvait, il me ferait un roman,
Pour peu que l'avenir m'eu été plus clément.

Tant bourbon que je sois, je veux restauration,
Retrouver l'ancien régime tant amical,
Assouvir sans espoirs mes coûteuses passions,
Et je tue la raison pour sortir l'animal.

Mais c'est pour le malheur qu'un double jeu s'ensuit
Moi qui tantôt la suit et qui tantôt la fuit,
Prétend agir aussi tant dans l'ancienne vie,
Que maintenant ou pourtant malheureux j'agis.

Elle qui continue de marcher fièrement,
N'ose pas réfréner tout mes empressements,
À moitié me ment car clairement m'évitant,
Ne voulant que me blesse cet amour gênant.

Et le reste du temps je la sens bien ailleurs,
Si bien qu'à ce drame c'est mon âme qui meurt,
De la cruauté ingénue de cette reine,
Qui croit me ménager mais me fait tant de peine.

Je pense ne jamais l'avoir vraiment comprise,
Cette basileia qui ne veut être prise,
Peut-être n'a-t-elle jamais vraiment été,
Cet esprit si grandiose à la noble fierté,
Et si mes yeux pendant ce temps illusionnés,
M'avaient fait voir un rêve qui n'a existé?
Et je cru voir Vénus et pas tant une fille,
Ma foi assez gentille et juste un peu naïve.

Mais mon coeur à toute la savante raison,
Préfère toujours du moins la folle passion,
Qui n'a de compte à donner et d'efforts à tirer,
Si ce n'est le fardeaux d'un esprit bien troublé.

Ce n'est pas si vite que deux années s'effacent,
Que le passé déchu au futur fait la place,
Que le climat ambiant laissera le temps beau
Être son médecin plutôt que son bourreau.

(Mais on en est bien loin tant mon coeur bat à chaud)

Je sais qu'à présent il faut aller de l'avant,
Renoncer pour de bon, la laisser s'en aller,
Même si mon esprit se voit toujours l'amant
De la meilleure de toute aux cheveux bouclés.

(Et pourquoi est-ce si dur de ne point vivre au passé?)

Cette impératrice qui m'a infatué,
Quand cessera donc elle de me tourmenter?
Pourrais je un jour passer dans les allées d'Alger,
Sans songer une fois à l'amour du passé?

(Ou à ce bel amour qui me fit tant rêver?)

Ou bien cette voix mystique à nulle autre pareille,
Manquera à jamais à mes frêles oreilles,
Tout comme l'exotisme qu'affirme ses fiers traits,
Me rendant pas tant roi mais bien plutôt sujet!

(Il seront inscrit dans ma mémoire à jamais)

Et si jamais bien après tout cela un jour,
Je croise une promise, un tout nouvel amour,
Une autre insoumise qui m'inspire fierté,
Éprouverais-je enfin les joies de l'hyméné?

(Mais quand cet amour pourra donc être oublié?)

Qu'est ce que je te veux,
Reine de tout mes voeux